Mario Piombini et la première entreprise de meubles.
Mario Piombini est né en 1897 à Bovolone dans une famille très pauvre qui habitait à la Corte Quaranta (à peu près là où se trouve maintenant la crèche, entre la Via Roma et la Via Ospedale), et il a appris le métier de menuisier. Après avoir effectué son service militaire de 1917 à 1919, durant lequel il a participé aux événements de la Grande Guerre, il s'est mis à travailler comme charpentier et a épousé Rosa Bruna Zanini, avec qui il a eu sa première fille, Pierina, malheureusement décédée à 18 mois ; cette perte a été compensée par la naissance de Bruno, le 1er janvier 1925. En 1927 naissait Renato et l'année suivante une autre fille voyait le jour, à qui fut donné le même prénom que la première enfant ; le dernier fils, Giorgio, naîtrait dix ans plus tard.
En 1925, Mario s'associait avec son ami Amedeo Santolini pour fonder avec lui la première entreprise de meubles, pour le moment installée dans une cabane en bois dans le terrain derrière la maison, où se trouve aujourd'hui l'hôpital. L'entreprise Piombini-Santolini fit bonne impression, au point de mériter, une dizaine d'années plus tard, la médaille d'or à l'Exposition de Turin, et le diplôme attestant cette reconnaissance est encore fièrement exposé dans les locaux de l'entreprise actuelle.
Parmi les habitants de Bovolone qui apprirent l'art du mobilier à Asparetto auprès de Giuseppe Merlin, nous rappelons Mario Carmagnani, Giuseppe Perazzani, Mario Pettene dit Coco, Tullio Vedovelli dit Napa, Giuseppe Masaia, Giobatta Pantano, Remo Guarnieri dit Tamao, Giuseppe Padovani dit Braghin. Dès 1930, Pantano, avec Padovani, Carmagnani et le dix-septenaire Liberale Vaccari dit Lale, déjà élève de Grella, ouvraient leur propre atelier à Bovolone ; en 1934, le groupe se dissout et Vaccari s'associa avec Gino Veronesi (dit Muci), qui avait également fréquenté l'atelier de Merlin mais plus tard, tout comme Leonello (Nelo) Vicentini : dans cet atelier travaillaient Giglio Mariotto (S'cinco), Raffaello Morellato et Vittore Novarini. Par la suite, Pantano, jeune apprenti d'Antonio Grella, ouvrit un atelier au Persegarol, ensuite repris par ses fils ; Padovani monta un atelier à la Madonna avec Novarini et un certain Peroni, tandis que Guarnieri tint ensuite un bureau de tabac avant d'ouvrir une serrurerie à Vérone. Certains des noms mentionnés travaillèrent aussi, pendant un temps, dans le plus grand atelier et celui comptant le plus d'employés, déjà avant la guerre, celui de Nello Vicentini (initialement associé à Giuseppe Olfi) à Casella, qui eut parmi ses ouvriers Severino Cantiero, Giuseppe (Вері) Mirandola, et d'autres excellents menuisiers ; chez Vicentini travaillaient aussi le déjà cité Vedovelli, devenu expert en polissage, et Veronesi, qui se lança ensuite à son compte dans la fabrication de bombés blancs. Ils fabriquaient des chaises dans le style de Gino Sargenti, le Perazzani mentionné et Vittorino Carmagnani..
L'autre atelier avec le plus grand nombre d'employés était celui de Mario Piombini, qui n'était pas en concurrence avec les premiers car il fabriquait des meubles modernes ; déjà avant la guerre, il s'était équipé d'une grande scie à ruban et d'une raboteuse à sept combinaisons, qui étaient parfois utilisées aussi par certains menuisiers de meubles de style à qui il avait accordé l'usage de la grande pièce au-dessus de l'atelier.
L'entreprise Piombini vendait ses propres produits localement aux particuliers mais surtout à des commerçants italiens comme Picasso de Gênes ou Paolucci de Pesaro, également par l'intermédiaire de vendeurs comme Pompilio Zavanella de Nogara, ancien élève de Merlin à Asparetto.
Les relations avec ce dernier étaient de franche collaboration, car l'entreprise de Bovolone lui fournissait les meubles modernes avec lesquels Merlin remplaçait dans de nombreuses maisons les meubles anciens qu'il achetait ; d'autre part, Piombini revendait à Merlin les éventuels meubles anciens ou d'époque qu'il récupérait en vendant les modernes.
L'activité était désormais pleinement lancée, et à Bovolone, elle pouvait compter sur deux points de vente de bois assez bien approvisionnés (Zago et Bertolazzi), même si les sanctions internationales imposées à l'Italie avaient réduit le choix aux bois nationaux et aux substituts des contreplaqués et panneaux, tandis que pour les différentes typologies de produits, l'essence correspondante et l'étiquette attestant l'utilisation du « bois autarcique » étaient exigées. Les événements de la guerre entraînèrent la dissolution de la société Piombini-Santolini, et Mario Piombini poursuivit l'activité seul, aidé par ses fils Bruno et Renato : lui trop âgé pour retourner soldat, eux encore trop jeunes pour être appelés sous les drapeaux. Enfin, Bruno fut réquisitionné par les Allemands de l'O.T. (Organisation Todt) pour travailler d'abord à la grande fosse antichar des Caltrane, puis à Montorio, où il se faisait d'ailleurs parfois remplacer par son frère pendant quelques jours. En atelier, l'activité languissait (scie et rabot avaient été enterrés pour ne pas être réquisitionnés) ; dans les phases agitées de la retraite, Mario fut blessé au flanc par un coup tiré par les Allemands : son transport à l'hôpital, pourtant à moins de cent mètres, fut laborieux et très dangereux, et prit un temps démesuré d'une heure et demie.
Après la fin de la guerre, dans une Italie qui recommençait à respirer, Mario Piombini fut l’un des rares artisans de la région à participer à l’exposition de meubles organisée à Vérone, au Palais des Mutilés. C’est de là qu’a commencé à prendre forme une nouvelle idée : donner vie à un art du meuble capable d’allier élégance, mémoire et innovation.
Il transféra son entreprise d’abord dans le quartier de la Pozza, puis rue Carlo Alberto — où autrefois Piombini avait un showroom qui pendant des années a été un point de référence pour l’élégance artisanale, et qui a également longtemps été la résidence de la famille.
C’est là qu’il comprit la valeur qui pouvait naître de l’union entre tradition artisanale et vision commerciale.
Dans les années 40, Mario a accompli deux gestes pionniers : il a créé la première « exposition » de meubles d’art dans la Via Madonna, et a imprimé un véritable catalogue à distribuer via des représentants et des revendeurs.
Ce catalogue, aujourd’hui document précieux, contenait pas moins de 108 modèles, certains fabriqués en interne, d’autres sélectionnés parmi les meilleures ateliers de Bovolone et Cerea. Des styles baroques, rococo vénitiens, néoclassiques, Maggiolini, mais aussi renaissance et anglais, avec des marqueteries raffinées, des placages précieux, et une utilisation habile de matériaux nobles.
Un savoir transmis, une passion partagée, une identité qui déjà à l’époque regardait vers l’étranger : le catalogue était trilingue, et les premières exportations vers la Suisse et l’Allemagne ont débuté entre 1947 et 1950.
Le livre publié pour célébrer les 75 ans d’activité n’était pas le récit d’un homme, mais le récit d’une terre.
Roberto Piombini, avec le cœur et l’intelligence de celui qui a su préserver et innover, n’a pas voulu se mettre au centre. Il a choisi de donner la parole au territoire, à la famille, au travail, célébrant des valeurs qui transcendent le temps.
Ce esprit d’humilité et de grandeur est l’une des qualités les plus spéciales et distinctives de l’homme Roberto Piombini — et il nous guide encore aujourd’hui, dans chaque meuble qui naît de nos mains.
Depuis 100 ans, tout naît des mains expertes des artisans vénitiens, qui avec passion et précision donnent vie à des meubles intemporels. Chaque pièce raconte une histoire faite de bois travaillé, peint à la main, et protégé avec soin, prêt à rejoindre le cœur de votre maison. Nous sélectionnons uniquement ce qui représente le mieux notre tradition, l’artisanat qui nous distingue et nous rend uniques depuis des générations. Voici une sélection de quelques produits pour célébrer avec les clients Piombini.
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